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Réflexion en vedette

Le rôle des marchés du carbone dans une approche crédible à la carboneutralité

Ces derniers mois, des annonces contradictoires ont eu lieu en lien avec la poursuite de la carboneutralité et ont suscité des doutes au sujet des prochaines étapes chez les organisations ayant entamé ce cheminement. À mesure que le temps avance, nous devons veiller à ce que cette incertitude n’entrave pas le progrès vers ce but critique.

Établissement de limites strictes quant à la carboneutralité

L’initiative Science-Based Targets (SBTi) donne aux organisations 24 mois pour établir et valider leurs cibles. Cependant, cette année, elle en a révoqué plus de 200, dont des sociétés prestigieuses, à cause d’engagements échus.

En majorité, les cibles étaient à long terme ou en lien avec la carboneutralité. Bien que beaucoup d’entre elles aient toujours des cibles à court terme, ce problème témoigne de l’incertitude des entreprises au sujet de la carboneutralité. Le rapport Catalysing value chain decarbonisation de la SBTi va plus loin en soulignant que les doutes à propos de la portée 3 représentent le principal obstacle aux cibles à long terme.

En vertu des règles actuelles de la SBTi, les organisations doivent réduire leurs émissions absolues de 90 % pour se prévaloir du statut carboneutre en toute légitimité (dans toutes les portées). Notablement, les crédits carbone ne sont pas permis pour atteindre ces cibles.

Ce fait étant largement accepté, les médias se sont livrés à d’abondantes accusations d’écoblanchiment ces derniers mois contre les organisations se vantant de leur carboneutralité en recourant à ce stratagème.

L’approbation de la Directive sur les allégations écologiques de l’UE donne du poids à cet angle, car en fait elle bannit les prétentions fondées sur le recours à des produits et services dépendant entièrement des crédits carbone.

La SBTi revoit-elle sa position sur les crédits carbone?

Toutefois, dans une volte-face inattendue, la SBTi a annoncé des plans comme quoi elle allait permettre le « recours à des certificats d’attributs environnementaux, y compris les marchés volontaires du carbone, sans s’y limiter, à des fins de réduction limitées à la portée 3. »

Dans une autre déclaration, la SBTi a annoncé qu’elle allait « toujours veiller à ce que toute utilisation éventuelle des instruments du marché comprenne des règles et des mesures de protection garantissant que les émissions mondiales diminuent à court et à long terme. »

Les détails supplémentaires ne seront pas dévoilés avant juillet 2024 (le conseil technique de la SBTi devra les approuver avant leur publication), mais la proposition suscite déjà la controverse.

On craint que cette décision ne soit pas « fondée sur la science » et qu’elle fasse revenir l’industrie à ses anciennes pratiques, car elle affaiblit l’incitatif qui visait la modification des modèles d’affaires pour réduire les émissions absolues.

Pourtant, comme le souligne le dernier rapport du GIEC, nous sommes dangereusement près de dépasser le 1,5 °C de réchauffement climatique. Si nous voulons le limiter davantage, il nous faut rapidement réduire les émissions.

Quel rôle joue le marché volontaire du carbone?

Le marché volontaire du carbone apporte du financement du secteur privé aux projets climatiques dans le monde, contribuant de ce fait à la transition mondiale. Souvent, ces initiatives offrent des bénéfices supplémentaires, comme le soutien aux collectivités et aux environnements naturels les plus vulnérables aux changements climatiques.

À mesure qu’évoluent nos connaissances, nous constatons que pour bien lutter contre les changements climatiques, il faut adopter une approche polyvalente. Ce ne sont pas que les émissions de carbone auxquelles il faut s’attaquer. Les cours d’eau, la biodiversité et l’environnement naturel sont aussi en crise.

La clé de la réussite réside peut-être dans la compréhension et la reconnaissance que les frontières sont interreliées partout sur la planète, de sorte que le marché du carbone pourrait servir de levier.

Que doivent donc faire les organisations?

N’oubliez pas qu’il n’y a encore aucun changement. Pour l’instant, continuez sur la même voie : ne laissez pas le doute entraver vos actions!

Connaissez vos retombées.

Si ce n’est déjà fait, faites proactivement l’état des lieux quant aux GES dans votre organisation. Pensez à des aspects comme l’ampleur des émissions, les niveaux d’influence et de risque, les coûts pour l’entreprise et l’intérêt des parties prenantes.

Mettez sur pied un plan de transition climatique crédible.

En partant de vos fondations, pensez à la mesure la plus susceptible de faire une contribution marquée, puis priorisez les prochaines étapes.

Soyez flexibles.

Le plan de transition climatique initial n’a pas besoin d’être parfait. Soyez prêts à corriger le tir le cas échéant.

Hayley Maynard

Principale conseillère en durabilité

Maintenir le rythme

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